jeudi 27 janvier 2011
Quand il est né, il devait être le premier d’une longue série (nous en voulions 4). Putain que j’étais heureux quand je l’ai tenu pour la première fois dans mes bras, c’était mon garçon, mon fils, ma chair. Il venait d’arriver et je l’aimais déjà comme un fou. Fier, je montrais ses photos à tout le monde et évidement pour moi c’était le plus beau BB du monde. Oui un truc avait changé en moi, d’un coup, d’un seul. Que de moments passés avec lui, allongé à ses côtés, il aimait jouer avec mes lobes (tiens comme moi avec Predi). Sa Maman ayant des horaires de travail un peu compliqués, j’ai passé beaucoup de temps avec lui, les RDV pédiatre, les opérations, les urgences bref peu à peu s’est créé entre nous un lien particulier. Je le regardais grandir, c’était un enfant rieur, vif mais avec un caractère déjà bien affirmé.
Et puis ses 3 ans, son entrée en maternelle, il était devenu moins rieur, il avait des soucis pour aller a la selle et sa maitresse nous a alertée. Et un jour, un vendredi soir d’octobre 1996, le téléphone qui sonne et je reçois ça en pleine gueule : » un homme qui aimait les petits garçons avait profité de son innocence, de sa fraicheur, de sa pureté. J’ai eu l’impression que la terre s’effondrait sous mes pieds (j’aurais préféré), sa maman m’a vue devenir blanc : comment lui dire ? Nous avons pleuré beaucoup … J’ai repris la cigarette après des mois d’abstinence, nous l’avons couvert de câlins et avons essayé de comprendre.
Culpabilité de n’avoir rien vu ! Profond dégout ! Et une suite de démarches, que nous aurions voulu ne jamais avoir à faire et surtout lui éviter (en plus) : Porter plainte et lui à 3 ans devant répondre à des questions parfois brutales , expertises à l’hôtel Dieu, expertises psy à Trousseau, Avocate et encore des questions ... Il était agité, ne comprenant pas tout ce qui était entrain de se passer. Je passe sur les mois qui ont suivis et les remarques méchantes de certains collègues de ce pauvre type. Je passe sur ces mois de souffrances. Je passe sur l’envie pour la première fois de ma vie de coincer ce mec et de taper, taper ….Oui je passe sur les années qui ont suivies, ou il a fallut se séparer de lui quelques temps, pour nous, pour ses frères, pour lui. Oui je passe…
Je sais qu’homosexualité et pédophilie n’ont rien à voir et que beaucoup d’ignorants font l’amalgame ! Mais combien de fois ai-je culpabilisé de mon attirance pour les garçons après cela?? Combien de fois ai-je pensé que c’était de ma faute ?
Aujourd’hui il sait, nous lui avons raconté, avons mis des mots sur des actes. Aujourd’hui il a grandi et quand je le regarde ce petit homme, je me dis qu’il est génial, qu’il a retrouve ce magnifique sourire et que je l’aime. Oui je suis vachement fier de lui, de ce qu’il est devenu et de ce qu’il sera : un mec bien et droit !
6 commentaires:
ouahh..c'est du lourd ça....!!!heureux qu'il ait pu le dépasser...qu'il soit bien dans ses baskets..le plus important..
Quant à l'amalgame dont tu parles, combien de fois j'ai aussi dû raisonner ceux qui le faisaient..mais bon, comme ton fils, je pense que toi aussi, makgré tes doutes, tu es très bien dans tes baskets!!
Terrible histoire. Ah ! ce foutu amalgame. Mais le plus important peut-être serait que lui-même, ton petit, ne le fasse pas, cet amalgame. Il connaît ton homosexualité ?
Laurent : oui , il sait et il est super à ce sujet et je l aime d autant plus ... qu il a été génial
Pfiou ! Que c'est dur, cette histoire. Comment réagir, en père, dans pareille situation ? Le début de ton billet a réveillé mes regrets sur ma non-parentalité, et puis ensuite... Comment aurais-je géré ? Ça me paraît tellement impossible. Bravo pour ce que tu a su faire et être...
Outch! En pleine tronche ton histoire. Je suis super heureux de lire qu'il est super aujourd'hui ton fils.
Arthur, PascalR,oh91 : vous m excuserez pour ce soir no coment
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