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07/02/2011

Souvenir 3 : M ou le début de la fin

5 ans déjà ! Mes visites sur les sites de rencontres « gay » étaient assez récentes, je maniais l’outil internet assez maladroitement et n’étais pas très au fait des règles et des dials abrégés. Ah le jour ou la question «T’es TBM ? » est arrivée ! Que j’avais l’air cruche J Mais que me demandait mon interlocuteur ? Que pouvait bien signifier ce  mot de 3  lettres ? N’osant lui demander de peur de paraître idiot, j’avais réussi  à trouver une signification et lui avais répondu fièrement. Inutile de vous préciser qu’il ne m’a jamais répondu et que j’ai du passer pour un abruti total.
 C’était un vendredi après midi d’avril, je m’apprêtais le lendemain à partir seul avec les enfants en Bretagne (S .n’avait pas vacances). J’avais trouvé un joli gîte en plein cœur de la forêt de Brocéliande avec cheminée bien sur (c’est une de mes rares exigences). Je me baladais sur un site donc plus par habitude qu’autre chose  quand un bonjour apparait sur mon écran. Pas de photos, rien à part une  très brève description, un statut marital (marié sans enfants) et l’âge (39 ans).  Nous avons commencé un dial sympathique loin des TBM et autres questions du style. Non, nous parlions de nous, de nos situations, de nos envies (pas sexuelles) et de nos attentes. Nous échangeâmes  une  photo, je me souviendrais toujours de cette photo reçue, de ce mec au sourire ravageur en short et sandales (il avait de très beaux pieds). J’appris plus tard que cette photo avait été prise au Mexique. Le temps passa très vite et tout en me sachant très en retard n’osais mettre un terme à cet échange. Il le fit pour moi : « écoute je dois y aller, je suis attendu je te laisse mon tel, tu peux me téléphoner quand tu veux demain ça me ferait plaisir, je suis M». Je le remercie et  lui indique que partant en Bretagne avec mes 3 loulous je ne pourrais lui parler que très tard dans la soirée du samedi. « Aucune importance je suis seul  «. Il en fut donc décidé ainsi.
Ce n’est effectivement que tard le lendemain vers minuit que je lui envoie un sms : « Désolé ; il est vraiment très tard » . Mon téléphone se met aussitôt à vibrer et mon cœur à battre. Une voix, sa voix et quelle voix ! Une voix de mec, douce mais affirmée. Nous échangeâmes cette nuit là jusqu'à 5 h du matin et il en fut ainsi les 6 jours qui suivirent. En journée des petits sms   et des coucous rapides au téléphone .Puis le soir  Il me parlait de ses journées de boulot et moi lui contais mes vacances et les « sévices » infligés par mes  enfants !l Que nous avons parlé pendant cette semaine, je ne m’étais jamais confié à un inconnu de la sorte, c’était étrange, j’avais l’impression de le connaitre depuis longtemps.
Deux semaines après, un lundi, nous avions rendez-vous à paris : 20 heures avenue du Maine dans un restaurant ou j’allais souvent. Je me souviens de ce jour comme si c’était hier, la journée me parut si longue, un vrai calvaire, j’étais incapable de me concentrer sur mon travail, les yeux rivés en permanence sur ma montre. Puis me voilà assis dans ce restaurant à l’attendre, le cœur oppressé, les mains tremblantes. Il aurait du retard ; il était bloqué dans les embouteillages sur l’autoroute A6. 20.30 : Il arrive enfin, on se reconnait de suite, deux sourires, des yeux qui brillent et la conversation s’engage comme si de rien. Un long et bon dîner,  et deux mecs intimidés sur le trottoir ne sachant plus quoi dire. Nous voilà dans une chambre d’hôtel, excités et maladroits. Ces heures furent un bonheur de sensualité, de découvertes, de plaisirs, oui  comme il me l’écrivit plus tard « un moment magique ». Oui cette nuit la je fis vraiment l’amour pour la première fois de ma vie avec un garçon, mais ne le savais pas, enfin…
Trop sans doute et ni l’un ni l’autre étions préparés à cela. Nos vies que nous pensions « under control » étaient en train de nous échappées, nous étions dépassés, en « danger ». Nous nous sommes revus, peu, et je crois avoir tout fait (connement) pour que cette relation s’arrête, vite avant qu’elle ne mette le bordel dans ma vie. Les mois qui ont suivis, J’ai pleuré (beaucoup), j’ai bu (trop), j’ai baisé (n’importe comment) mais je n’ai pas pu oublier ma bêtise et ce à côté de quoi j’étais passé.
Peu de temps après mal, très mal ,réalisant que mon entourage inquiet de voir le Philippe joyeux et bon enfant devenir un zombie triste et absent, j’ai tout raconté à Sophie . Non pas ma rencontre avec M, mais que je préférais les Zizis. La machine était lancée, c’était (je ne le savais pas encore) le début d’une fin et d’un travail intérieur qui m’a mené la ou j’en suis aujourd’hui  (c'est-à-dire nulle part).
Je pense souvent à M qui ne veut plus entendre parler de moi , j’essaie de me libérer des regrets amers qui m’envahissent parfois en pensant à lui , a ce qu’aurait pu devenir cette rencontre « magnifique » si je n’avais pas été si con . Je le croise parfois sur des sites. Oui elle est surement arrivée trop tôt cette rencontre, mais pour être optimiste, elle m’a permise de me réveiller et d’avancer doucement.  M m’avait libéré sans le savoir de la promesse que je m’étais faite 20 plus tôt après ma rencontre avec Laurent. D’ailleurs détail étrange, en parlant avec MrMONPSY J’ai réalisé bien plus tard que Laurent et M se ressemblaient beaucoup physiquement et humainement, deux clones, troublant.   

8 commentaires:

14 141 a dit…

Très beau texte... ça me replonge dans quelque chose de connue.

J'ai regardé hier "Rencontre pornographique" avec Nathalie Bay et Sergio Lopez... c'est exactement la même problématique.

Quand je me suis attaché à mon Zèbre? Je ne sais plus mais j'ai révolutionné ma vie pour lui. Aujourd'hui je ne le regrette pas. Ca a été dur, compliqué, violent parfois.

Laurent a dit…

Récit émouvant. On est presque tous passés par là.

Quant à ton "nulle part", tu n'es pas nulle part, tu es bien dur envers toi-même. Tu as avancé. Tu es au clair avec toi-même. Et c'est essentiel.

Les regrets ? Ah, comment s'en défaire... Parce qu'ils ne servent qu'à nous polluer l'esprit, le coeur, le corps. Facile à dire, hein ?

[Nicolas] a dit…

MDR (mort de rire ;-) ce n'est pas toi l'abruti de ne pas savoir ce que TBM signifie, c'est plutôt celui qui pose la question. Je suis sûr que M. serait ravi de lire ce post (ne serait-ce que pour son égo;-)

EAU SAUVAGE a dit…

14 141 : le principal en est le résultat :) quant à moi je n'ai pas eu les couilles pour le faire (tu vois j'en ai pas toujours ...)
Laurent : comment s'en défaire ? en tirant des leçons et ne plus comettre les mêmes erreurs
Nicolas : Je sais qu'il y a peu de chance qu'il le lise et ne suis même pas sur qu'il en serait râvi ...

Nicolas a dit…

Je revis, en te lisant, une bonne partie de mon propre cheminement.

un chemin d'acceptation de soi a dit…

Merci pour ce texte qui résonne en moi. J'aimerais tant retrouver mon 1er amant, pour m'excuser, simplement, de ne pas avoir été à la hauteur. D'avoir préféré mon confort et ma vie de famille à lui, à nous. J'ai eu tort.

EAU SAUVAGE a dit…

Nicolat 2 : j'aurais aimé te repondre autrement qu 'ici mais pas de lien à l'occasion n'hésite pas a m'envoyer ton e mail

EAU SAUVAGE a dit…

un chemin d'acceptation de soi : Tu sais parfois il faut (savoir) tourner les pages et regarder devant. En parler ici est pour moi une façon de le faire